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Un pilote de R.A.F revient sur les lieux

M. Jenek Nowariewick, ancien pilote de la R.A.F, a été reçu par la municipalité en juin 1991.
Cette manifestation a permis à M. Nowakiewick de rencontrer les personnes qui l'ont aidé à échapper aux Allemands.
En effet, le 22 juin 1942, vers 6h du matin, M. Lanoy se rendait tranquillement dans ses pâturages, lorsqu'il tomba nez-à-nez avec un grand diable d'aviateur allié, qui lui fit comprendre par gestes et mots hachés qu'il ne voulait pas être prisonnier. Pas une minute à perdre, le cordon de sentinelles allemandes qui montent la garde aux fortins du Nocquet ont sûrement vu et entendu la chute de l'avion, et donné l'alerte.
M. Lanoy prévient son beau-frère, M.Beaucourt, maire, qui habite juste en face.
A vingt mètres de là, une sape que les Allemands ont creusé au pied de la haie du jardin, sera un abri sûr.
Notre aviateur s'y enfonce, quelques branches sèches que la providence a laissé traîner le long de la haie, des débris de tôles, de veilles casseroles, un couvercle de lessiveuse et voilà notre ami caché.
Tout cela a demandé à peine cing minutes. Nos deux sauveteurs rentrent chez eux.
Il était temps.
Les Allemands sont sur leurs talons et frappent à la porte du maire.
Le febwebel accuse le maire de cacher l'aviateur.
Celui-ci nie courageusement.
La ferme est fouillée, sans succès.
Pendant ce temps, les troupes des environs alertées par téléphone, établissent des barrages dans les rues, et cernent le village.
Le fedwebel se rend chez M. Lanoy, et, usant d'une ruse classique, déclare à ce dernier en le fixant : "Le maire vient de m'avouer que vous avez caché l'aviateur".
"Moi.." et voilà M. Lanoy qui tombe en faiblesse.
Ce malaise sauvera toute la situation.
Le fedwebel arrête l'interrogatoire, fait fouiller la ferme et les maisons environnantes.
Ce laps de temps permettra aux deux familles de se renseigner et de nier coûte que coûte.
Près de trois mille soldats vont battre la plaine et fouiller toutes les maisons du village pour retrouver l'aviateur.
A midi, un gradé se présente à la mairie et ordonne l'évacuation totale du village pour 14 h, si l'aviateur n'est pas découvert.
La population reste calme, et rit de la rage et de l'impuissance des Allemands.
A 14 h, tout le monde est en alerte, le délai d'évacuation est reculé jusque 16 h.
Pendant ce temps, la gestapo photographie les restes de l'avion et les lieux avoisinants.
Détail curieux : deux soldats se sont assis près d'un groseiller dans le jardin de M. Lanoy et mangent à foison de belles "gribouilles rouges" sans se douter qu'à quatre-vingts centimètres d'eux, sous cet amas hétéroclite se cache l'aviateur tant recherché.
A 16 h, un sous-lieutenant, dans un français impeccable, vient communiquer les derniers ordres "Si l'aviateur n'est pas livré pour 17 h, la mairie devra remettre une liste de quinze otages, dont le maire".
Cette liste ne sera jamais établie, et à 18 h, les troupes quittent Equihen-Plage.
Quelques jours plus tard, dans la soirée, presque derrière la dernière colonne allemande, l'heureux aviateur quitte Equihen-Plage au bras d'une gentille et courageuse équihennoise, Mlle Clara Sergent, et gagne la gare de Pont-de-Briques pour se rendre à Paris via Etaples.
Il fut pris à Paris, en compagnie d'un groupe de Polonais et fut interné à Fresnes, pour espionnage (il était en civil), puis tranféré dans un camp en Allemagne. Il fut libéré après la fin de la guerre. M. Nowakiewick, âgé de 72 ans en 1991, demeurait à Manchester.
Il est titulaire de la croix de guerre avec palmes pour avoir abattu au moins quatre avions ennemis.